ANNULE – [Colloque] Il n’y a pas si longtemps, il n’y a pas si loin : camps de concentrations et espaces de ségrégation dans la Méditerranée et dans ses environs (fin 19e-21e siècles)

Date : Du 15/06/2020 au 17/06/2020
Lieu : MSH Val de Loire - 33 allée Ferdinand de Lesseps - Tours
Réponse attendue avant le :  15/03/2020

Colloque organisé du 15 au 17 juin 2020 à Tours, par Francesco Correale (CITERES, UMR 7324).

Appel à communication

Depuis les années 1990, les flux migratoires vers l’Europe ont conduit à un recours généralisé à l’internement, justifié avec la nécessité de contrôler les populations qui arrivent sur les côtes européennes. Bien que chaque pays adopte sa propre législation et ait une histoire différente en ce qui concerne ses propres structures de détention, la logique qui les sous-entend semble être partagée : concentrer dans les lieux de détention une masse humaine qui doit être identifiée, régulée et, finalement, admise ou expulsée du territoire européen. Cette logique trouve sa légitimité politique dans les principes énumérés par la Commission européenne elle-même à l’occasion de l’adoption des accords de Schengen en 1985 relativement au contrôle des frontières extérieure de l’« Espace Schengen ». Quelles qu’en soient les raisons, l’existence de ces lieux de détention, véritables camps d’internement où les migrants sont maintenus pendant des mois dans un état de privation de liberté et de violation des droits qui n’est pas la conséquence judiciaire d’un acte criminel, rappelle d’autres formes de détention du passé. Elle évoque instinctivement un univers concentrationnaire (Rousset, 1945) qui a, parmi ses prédécesseurs, les différentes typologies de camps d’internement créés dans les territoires coloniaux (Agamben, 1996, Kramer, 2018). Par ailleurs, dans certains pays, les camps ne sont pas officiellement établis, mais ils ressemblent plutôt à des espaces délimités qui peuvent être soit détachés des zones peuplées, soit difficilement séparables des espaces environnants. En ce sens, le confinement se produit toujours à travers des espaces qui sont pensés comme exceptionnels, souvent autour comme d’une ville ou d’un village plutôt que physiquement configurés comme tels (Carpi, 2017).

Ces réflexions sont le point de départ de la structuration d’un projet financé par la MSH Val de Loire pour la constitution d’un réseau scientifique. Ce colloque s’inscrit donc au sein de ce projet qui se veut interdisciplinaire et international et qui se propose de réunir des chercheur.es travaillant à la fois sur une perspective historique et sur la contemporanéité. L’objectif est celui de proposer une analyse comparée des formes d’internement établies par les métropoles coloniales du sud de l’Europe (France, Espagne, Italie, Portugal) à leur intérieur et au sein de leurs empires et de les relier aux morphologies des différentes méthodes de réclusion contemporaines visant en particulier les migrants et les réfugiés.

L’hypothèse qui sera mise en débat au cours du colloque est que la combinaison de la mise en place de dispositifs de contrôle contraignants avec l’identification de catégories considérées « dangereuses » que les autorités souhaitent limiter dans leur action, crée un système de pouvoir et de contrôle des Etats sur les populations qui devient paradigmatique avec la consolidation des empires coloniaux modernes au 19e siècle (Forth, 2017). C’est dans cette mesure que les discussions engendrées par la notion de « colonialité » trouvent toute leur place, là où avec ce terme on désigne non seulement une forme particulière de domination politique et économique exercée sur les « autres » sociétés, mais aussi un projet d’hégémonie intellectuelle et symbolique qui tend à déshumaniser ses membres afin de justifier leur soumission.

Les propositions devront parvenir le 15 mars 2020 dernier délai, accompagnées d’un CV de 2 pages maximum, à l’adresse e-mail ilnyapaslongtemps(at)free.fr.

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