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  • Transmission(s) : transfert(s), réappropriation(s)

    Responsables scientifiques :  Chiara Lastraioli (CESR), Samuel Renier (EES), Cyril Sintez (CRJP)

    Axe scientifique 2024-2028

    En faisant le choix de s’attacher aux Transmission(s), transfert(s) et réappropriation(s), cet axe de recherche transversal de la MSH Val de Loire vise à fédérer un ensemble pluridisciplinaire de chercheurs, afin d’interroger les modes et modalités de circulation que recouvrent ces termes.

    La question de la transmission traverse de nombreux champs et courants de recherche. Elle interroge les processus pédagogiques et didactiques, à travers la transmission des savoirs, savoirs-faire et savoirs-être, aussi bien dans le champ scolaire que dans le champ plus vaste de la formation tout au long et au large de la vie. En ce sens, il est possible de voir dans la question de la transmission, celle des enjeux de médiation et de médiatisation, liés aux processus, à l’instrumentation et aux supports qui la véhiculent.

    A une autre échelle, la transmission ne peut se penser sans parler des phénomènes de transferts culturels, de circulation des idées, de traduction et d’intertextualité. La transmission peut ainsi venir interroger les mouvements et les passages qui d’une époque, d’une aire culturelle à l’autre génèrent des phénomènes de réception, d’appropriation voire de réappropriation. Elle nous questionne également quant aux objets qu’elle véhicule : savoirs, langues, cultures, techniques, normes, valeurs etc., sans oublier les dimensions matérielles liées aux objets et artefacts qui se transmettent et permettent d’interroger ce qui se joue dans cette transmission.

    A travers cette thématique, il s’agit donc aussi bien d’interroger les modalités pratiques et pragmatiques de ces phénomènes, que d’en penser les enjeux épistémologiques et d’en envisager les dimensions sociales et éthiques.

    D’un point de vue plus problématique, le travail engagé au sein de cet axe s’attache autant à penser et étudier les phénomènes de transmission qu’il vise à en interroger le sens et les limites. Les deux « résistances de la transmission » (Blais, Gauchet & Ottavi, 2014) témoignent autant de l’attachement à transmettre, malgré tout, face aux renoncements, voire à l’absence de volonté de désir ou de sollicitation, qu’aux résistances face à la transmission.

    Penser la transmission revient, en ce sens, à penser en même temps tout ce qui ne se transmet pas. Un travail serait ici à engager afin de déterminer les différentes formes que peut prendre cette définition par la négative : oubli, perte, indicibilité, etc. Comment faire lorsque certains savoirs, certaines expériences, certaines épreuves ne peuvent se dire et se transmettre ? Quelle transmission possible pour des expériences qui ne peuvent se dire et se partager, dans la mesure où elles renvoient à des éléments qui sont de l’ordre de l’indicible ou de l’inexprimable ? Quelles formes peuvent alors prendre les actes de transmission, afin de traduire ces éléments ? A la suite de J. Semprun qui questionnait la dialectique entre « L’écriture ou la vie » (1994), comment penser la transmission dans son rapport au vécu, aux expériences et aux épreuves de la vie ? De tels questionnement ne peuvent faire l’économie d’une réflexion sur les formes, les modalités, les outils et les médias par lesquels une telle transmission peut s’opérer.

    Cette problématique interroge également la transmission du point de vue technique et expérientiel des savoirs, savoir-faire, savoir-êtres qui se retrouvent tellement incorporés qu’ils en deviennent implicites et inexplicables. Quelle histoire possible de ces oublis que peuvent représenter les non-transmissions tacites ? Comment envisager et accompagner, d’un point de vue didactique, l’émergence, la mise au jour et l’explicitation de ces savoirs en vue de les transmettre ? Comment penser, socialement, la place possible de la perte que représentent ces transmissions qui ne s’opèrent pas, ces savoirs qui s’oublient, ces éléments du patrimoine culturel qui disparaissent et ces savoir-faire qui ne se transmettent pas ?

    La transmission, au sens patrimonial, renvoie enfin à un ensemble de développements et de perspectives qui viennent interroger le sens de l’héritage et, parfois de la dette. Par cet angle, se posent donc des questions matérielles, quant aux traces possibles, repérables, utilisables par les chercheurs comme par les citoyens, afin de se saisir de ces héritages. Mais une telle réflexion porte également sur la dimension symbolique, et le mouvement même qu’engage le fait d’hériter ou de donner en héritage. Que pouvons-nous et souhaitons-nous transmettre ? Quels sont les processus de choix, les actorialités possibles, les jeux de pouvoirs éventuels ainsi mobilisés ? Lorsqu’il s’agit de recevoir un tel héritage, des questions similaires surgissent quant aux destinataires, explicites ou non de ce mouvement, quant à l’acceptation ou au refus possible d’un héritage, d’une dette, quant à la reconnaissance de ce qui constitue des singularités ou du commun partageable.

    Questions en débat :

    • Vulgarisation et diffusion des savoirs : comment rendre les savoirs accessibles, comment se les approprier ? Quelles opérations, quelles transformations supposent la diffusion et l’accessibilité de ces savoirs ? Quelles reconfigurations, sociales autant qu’épistémologiques produisent-elles ? En quoi les nouvelles technologies de l’information et de la communication participent-elles de ce mouvement ?
    • L’envers de la transmission : penser la transmission ne peut se faire sans réfléchir en même temps aux oublis, à ce qui ne se transmet pas, à ce qui est passé sous silence. Quelles traces peut-on retrouver de ces phénomènes ? Que nous disent-ils des mouvements et des temps qui les ont générés ? Comment travailler scientifiquement sur ce qui n’est déjà plus, voire sur ce qui s’est ou-blié (parfois irrémédiablement) ?
    • Epistémologie de la transmission, des transferts et des réappropriations : comment les change-ments technologiques entraînent, génèrent ou détruisent certains phénomènes de transmission ?
    • Questions idéologiques liées à la transmission et à ses représentations : quelles limites faut-il voir dans les lectures idéologiques et les cadres théoriques qui permettent de penser les phénomènes de transmission ? Sans de tels cadres, ne se retrouve-t-on pas confronté, au contraire, à une im-possibilité de lire certains phénomènes et de comprendre ce qui se joue dans la transmission et les mouvements de transfert ?

    Travaux/croisements possibles au sein de la MSH Val de Loire :

    A travers la thématique de cet axe, plusieurs perspectives de travail partagées avec d’autres axes de recherche de la MSH sont envisageables et pourraient donner lieu à des collaborations ponctuelles ou régulières, notamment sous la forme de journées d’études ou de publications communes.

    A titre d’exemple, la question de la transmission des normes, et des normes de transmission, traité jusque-là dans l’axe « Mutation des normes » sera intégrée. La question de la circulation des savoirs et savoir-faire pourrait donner lieu à un travail partagé avec les collègues impliqués dans l’axe « Monnaie et finance », afin de penser les mouvements et les transferts qui se jouent en même temps que les échanges économiques.

    De même en ce qui concerne les « Humanités environnementales », qui appellent aujourd’hui et plus que jamais à penser les phénomènes de transmission et de réappropriations dans le contexte de l’Anthropocène, ou la « Ville et les études urbaines » qui constitue un cadre d’analyse privilégié pour interroger et étudier les dimensions spatiales et environnementales de ces phénomènes. Sans oublier les différentes perspectives ouvertes par l’axe « Modèles, modélisation, simulation » et qui pourraient donner lieu à un travail commun sur les modélisations des phénomènes de transmission, autant que sur la transmission des modèles et la notion même de modèle pour penser la transmission et l’apprentissage.

    Manifestations

    Pour suivre les activités de l’axe Transmission(s), transfert(s), réappropriation(s),
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