Luther et l’Europe. Textes et images : Mentalités et systèmes de représentation à l’époque de la Réforme

  • Auteur : Juan Carlos Garrot Zambrana
  • Éditeur : Regards Croisés sur la Scène européenne
  • Laboratoire : CESR
  • Date de publication : Septembre 2019

La scissura (Glaubespaltung) luthérienne est l’un des « événements majeurs » des Temps Modernes. L’affichage des 95 thèses à l’église du château de Wittenberg – geste théâtral en soi puisqu’il renvoie aux disputes universitaires – dont on a commémoré en 2017 les cinq siècles, inaugure une période d’extraordinaire instabilité politique et confusion doctrinale en Europe.

À cette occasion, les membres de l’équipe “Scène Européenne” du Centre d’études supérieures de la Renaissance de l’Université de Tours, en collaboration avec le Centre de Recherche sur l’Espagne des XVIe et XVIIe siècles (CRES) de l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, se sont interrogés sur la façon dont l’image et le théâtre furent convoqués à l’époque des Réformes. On a voulu également s’intéresser à l’un des rares foyers protestants espagnols, celui constitué à Séville au milieu du XVIe siècle.

L’étude des questions qui nous préoccupent n’échappe pas à certaines généralités ou lectures réductrices ; à des revendications religieuses ou positions nationalistes qui ont caractérisé longtemps l’historiographie de l’époque. On manque encore, par ailleurs, de regards croisés et d’analyses comparées entre les différents pays. Ces considérations figurent à la base de nos réflexions.

Ces formes « d’expression visibles » deviendront une arme redoutable que tous les camps et toutes les confessions mettront en jeu pour justifier ou exalter leurs engagements économiques, politiques et confessionnels. Elles se situent ainsi au cœur des affrontements du XVIe siècle qui donnent naissance aux mouvements de réforme et à la défragmentation définitive du rêve humaniste-chrétien de Republica Christi. Le théâtre et l’image élargissent aussi leur discours à travers la « mise en scène » de l’affrontement, l’affirmation ou la remise en cause du pouvoir ou des dogmes ou encore pour satiriser ou diaboliser l’adversaire.

L’histoire de ces formes « d’expression visibles » n’est donc pas une histoire des « reflets » ou des « conséquences » d’une polémique, mais la condition nécessaire de toute histoire de l’époque.

Javier Espejo Surós

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