[Colloque] Les discours adressés au(x) pouvoir(s)

Date : Du 13/06/2022 au 15/06/2022
Lieu : Centre Dupanloup, Orléans
Réponse attendue avant le :  15/09/2021

Ce colloque est organisé par le laboratoire POLEN (Université d’Orléans).

Comité d’organisation : Noëlline Castagnez, Laure Depretto et Julien Véronèse

Que peuvent avoir de commun les lettres envoyées chaque jour à l’Élysée, le Panégyrique de Trajan, les suppliques conservées aux Archives du Vatican, les placets à Louis XIV, le manifeste des 343, les cahiers de doléances, la plaidoirie de Louise Michel, le J’accuse de Zola, les remontrances des Parlements, la pétition en ligne, les questions prioritaires de constitutionnalité, les revendications syndicales portées au chef d’atelier ou encore les épîtres dédicatoires ? Tous sont des discours adressés aux pouvoirs : double pluriel qui voudrait d’une part n’exclure aucune forme de prise de parole, d’autre part éviter de « substantialiser ou d’hypostasier la puissance politique et ses dispositifs de domination. » Discours dont le dénominateur commun est d’être destiné,de manière directe ou médiatisée, à une instance à laquelle on reconnaît un pouvoir : celui de changer les situations –et pourquoi pas l’ordre du monde –, de réformer les institutions, ou –plus modestement –de prendre une juste décision. Car, comme l’écrit Louis Marin, commentant les Considérations politiques sur les coups d’État de Gabriel Naudé, «Pouvoir, c’est d’abord être en état d’exercer une action sur quelque chose ou quelqu’un ; non pas agir ou faire, mais en avoir la puissance, avoir cette force-là. »Depuis les traités antiques sur le meilleur gouvernement, les Miroirs ou les Institutions du prince du Moyen Âge et de la Renaissance jusqu’à l’analyse contemporaine des formes de propagande et de communication politiques, les rapports entre la parole et l’action politique ont fait l’objet d’une attention particulière, développant le champ disciplinaire de la science politique. Si le discours du pouvoir –qu’il soit politique, juridique, religieux, etc. –a été largement étudié et continue de l’être, tant sur le plan de son fonctionnement que sur celui de son efficacité, les discours adressés au(x)pouvoir(s)n’ont pas fait l’objet d’autant d’analyses. Dans une perspective pluridisciplinaire qui vise croiser plusieurs approches (histoire, littérature, linguistique, sociologie, science politique…)., on voudrait ici étudier à rebours les relations au(x) pouvoir(s), en partant des discours de celles et ceux qui, à un moment de l’histoire, de leur trajectoire, qu’ils soient célèbres ou anonymes, ont pris la plume ou la parole pour s’adresser aux instances du pouvoir, contribuant du même coup à leur institution et à leur légitimation, tout autant qu’à leur critique et à leur remise en cause. Le discours qu’on adresse à un pouvoir est aussi un discours qui reconnaît, voire fabrique le pouvoir, et en dessine les contours, flatteurs ou satiriques. Pour analyser ces discours, il est nécessaire de reconstituer leur contexte de production, leurs conditions de possibilité et d’énonciation. Il convient aussi d’interroger les types de sources dans lesquels ils ont été conservés et par lesquels ils nous sont parvenus. Ces discours sont informés, au double sens du terme, à la fois détenteurs d’une information que l’on souhaite transmettre et révélateurs d’un état de la norme, d’un formalisme attendu en de telles circonstances. Les traités de rhétorique, les formulaires de chancellerie, les manuels du courtisan ou les usuels contemporains proposant des recettes pour convaincre sont pleins de ces conseils et formes à observer si l’on veut que son discours parvienne à destination et soit couronné de succès. On s’intéressera aussi aux circonstances qui poussent des individus, ou des groupes,à s’adresser, directement ou indirectement, à différentes instances détenant un pouvoir et susceptibles d’influer sur le cours de leur vie.

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