[Colloque] Écologisation de la vie politique depuis les années 1960 (France-Europe) : Acteur.trice.s, débats, résistances

Date : Du 24/04/2024 au 26/04/2024
Lieu : Centre International Universitaire pour la Recherche (Hôtel Dupanloup), Orléans


Colloque organisé par Alexis Vrignon (POLEN), en partenariat avec le Réseau Universitaire de Chercheurs en Histoire Environnementale, la Société Française d’Histoire Politique et la Fondation de l’Écologie Politique.

 

Au printemps 1974, il y a près de 50 ans, René Dumont est le premier candidat à l’élection présidentielle française à faire des enjeux environnementaux le fondement de sa campagne. Depuis cette période, l’écologie politique s’est installée dans la vie politique de certains pays européens – la France, l’Allemagneou encore la Belgique– tandis qu’elle demeure particulièrement discrète dans d’autres territoires. Parallèlement, les forces politiques, de gauche comme de droite, sont amenées à évoquer la thématique environnementale, ajoutant à leur programme des propositions dans des proportions et selon des orientations très variables.

Au sein du champ politique, les enjeux environnementaux sont alors appréhendés, définis et appropriés sous des formes très diverses. Les pollutions et les débordements industriels, les conflits d’usage et les controverses autour de projets d’infrastructures, les débats autour des modèles de développement, la question des rapports à adopter à l’égard de l’ensemble du vivant ou encore des menaces qui pèsent de manière systémique sur les écosystèmes (au premier rang desquels le changement climatique) constituent, parmi d’autres, un kaléidoscope d’enjeux dont il n’est pas possible de donner une définition univoque. Mis en forme et publicisés par des entrepreneurs de cause, ils sont pris en compte de manière différenciée par les acteurs politiques en fonction de facteurs qui leur sont propres (calendrier électoral, idéologique, concurrence avec d’autres formations).

Ces dynamiques propres au champ politique permettent d’interroger sous un angle spécifique l’écologisation des sociétés européennes. Dans les études consacrées aux politiques publiques, le concept d’écologisation envisage la prise en compte progressive des enjeux environnementaux dans les pratiques, les réflexions et les normes (légales ou implicites) des acteurs.trices sociaux, irrigant les politiques publiques, au niveau local comme européen. Les expert.e.s, les fonctionnaires et les usagers sont alors au centre de l’analyse, l’écologisation étant perçue comme une forme spécifique de gouvernance plus souple voire plus efficace, adaptée aux nouveaux enjeux. Dans cette perspective, par ce processus d’écologisation, les sociétés européennes se montreraient à la hauteur des défis qui se posent à elles.

En déplaçant l’analyse vers le champ politique, aussi bien envisagé sous l’angle des idées, des pratiques ou de ses acteurs.trices, nous souhaitons inviter les chercheur.euses à adopter une autre perspective sur un processus d’écologisation non pas consensuel mais agonistique qui, à ce titre, peut susciter diverses formes de débats, de résistances et de réaffirmations d’approches des rapports des sociétés à leur environnement marqués par le productivisme. Il s’agit ainsi de mieux saisir dans toute sa diversité la vie politique à l’âge de l’anthropocène.

Notre approche entend ainsi se situer à la charnière de l’histoire politique et de l’histoire environnementale, des enjeux de pouvoir et de rapports entre humains et non-humains.