[Colloque] Amitié et inimitié en Europe aux XVIe – XVIIe siècles, Voix et regards de femmes

Date : Du 22/03/2023 au 24/03/2023
Lieu : Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance, Tours


Ce colloque “Amitié et inimitié en Europe aux XVIe – XVIIe siècles, Voix et regards de femmes” est organisé par : Maria-Teresa Ricci (ICD, Université de Tours) et Delfina Giovannozzi (IliesiCNR Roma)

Selon un vieux stéréotype, l’amitié n’est pas l’affaire des femmes, ni entre elles ni avec les hommes, car leur âme n’est pas assez stable pour un lien aussi étroit et exigeant, comme le dit Montaigne (« … dire vray la suffisance ordinaire des femmes n’est pas pour respondre à cette conference et communication, nourrisse de cette saincte couture ; ny leur ame ne semble assez ferme pour soustenir l’estreinte d’un neud si pressé et si durable »). Il semblerait donc que la philia, la parfaite amitié, telle qu’elle est décrite par Aristote (Éthique à Nicomaque, livre VIII) et Cicerón (De l’amitié) ne puisse concerner les femmes. Mais plusieurs textes du XVIe et du XVIIe siècle essaient de détruire ce stéréotype. Moderata Fonte (1555-1592), par exemple, dans son texte Le Mérite des Femmes (1600), soutient que ce sont les hommes qui sont incapables d’amitié et non seulement envers les femmes mais également entre eux (« non crediate che contra il nostro sesso solo siano tali, che ancor tra loro stessi si ingannano, si rubbano, si distruggono e si cercano d’abbassar e di rovinar l’un con l’altro »). Selon Fonte, donc, le sentiment de l’amitié caractérise plutôt le monde féminin. Mais elle insiste sur l’importance d’une relation amicale entre les sexes, tout en reconnaissant la difficulté, voire l’impossibilité de réaliser un monde fondé sur ces deux principes : amitié et concorde. 

Les deux thèses s’opposent et la première a dominé pendant des siècles. Cependant, à partir du XVIe siècle, la littérature et les traités philosophiques, traditionnellement axés uniquement sur les amitiés masculines, commencent à déplacer leur attention aussi sur le sujet de l’amitié entre les femmes et également entre le monde féminin et le monde masculin. 

Il s’agira alors d’interroger les écrivaines et les écrivains, les artistes et les penseurs de l’époque qui se sont penchés sur cette problématique (une théorie humaniste de l’amitié) afin de comprendre leurs approches et leurs visions des relations sociales, des amitiés – intellectuelles, politiques, philosophiques, amoureuses. 

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