
La mémoire vivante des « journées sanglantes de Fès » en avril 1912 (mutineries, émeutes et répression militaire qui suivent la signature du traité établissant le protectorat français sur le Maroc) s’éteint avec la génération de ses acteurs au seuil de l’indépendance (1955). Cette mémoire ambiguë et fluctuante, souvent réduite au silence au nom des bienfaits d’une colonisation en plein essor, a pourtant profondément marqué l’imaginaire de Fès et du Maroc. Par delà les clichés d’une abondante littérature touristique, la perspective d’un retour des violences de 1912 hante même deux œuvres romanesques qui inscrivent Fès dans leur trame narrative : La Rose de sable de Montherlant (1932) et La Conquérante de Brasillach (1942-1943).