
Au lendemain de la Révolution, Augustin Thierry (1795-1856) compte parmi les premiers à appeler de ses vœux une nouvelle histoire nationale. Il s’y attelle dans les Récits des temps mérovingiens (1840), chef-d’œuvre de l’esthétique romantique. Ce texte au style enlevé et pittoresque, mais qui s’appuie sur une documentation colossale et une maîtrise impressionnante des sources, a été l’un des livres d’histoire les plus lus au XIXe siècle. Il exerça une influence majeure sur de nombreux écrivains – jusqu’à Proust qui s’en inspira pour sa ” nuit mérovingienne ” dans l’église de Combray – et contribua à façonner notre imaginaire du haut Moyen Âge, en mettant en scène les crimes des rois francs et la rivalité entre Frédégonde et Brunehilde. Il est précédé des Considérations sur l’histoire de France (1840) qui, en proposant une histoire des histoires de France, développent une réflexion pionnière en matière historiographique.