La villa et ses ressources naturelles, de l’antiquité à la première modernité

Dans le sillage des travaux fondateurs de Paolo Fedeli (La natura violata. Ecologia e mondo romano, 1990) s’est constitué le réseau de recherche franco-italien ERA (Ecologia Roma Antica), pour explorer les rapports entre humain et nature dans l’Antiquité romaine, ainsi que leur transmission jusqu’à la première modernité – voir le site du réseau ici: https://www.era.unifi.it

Après Enjeux environnementaux et souci de la nature, de la Rome ancienne à la Renaissance (ERA 1, Ausonius 2023), le présent ouvrage, issu du IIe colloque ERA (Florence, oct. 2020), poursuit cette série d’études en réunissant onze contributions sur les évolutions et les héritages de la villa romaine comme résidence rurale et centre d’exploitation des ressources naturelles, du Haut-Empire à la Renaissance, croisant littérature, histoire et archéologie.

En partant de Sénèque qui valorise la fonction productive, on mesure ensuite les changements de perspective dans l’Antiquité tardive: demeure privilégiée conjuguant locus amœnus, otium litteratum et sociabilité raffinée dans la lignée d’un Pline le Jeune, la villa devient refuge aristocratique loin de la ville mais aussi, dans les textes chrétiens, lieu de retraite ascétique, et l’on perçoit ici la continuité avec le monastère, tout à la fois espace de vie, de méditation, de travail de la terre et de bon usage de l’eau.

L’interaction avec l’environnement naturel, les modalités d’occupation et les transformations de certains domaines sont mises en évidence dans des études archéologiques (notamment sur les vestiges du lac de Garde et de Sicile, et sur le cas particulier d’Aiano), ou grâce à la cartographie historique.

Le rôle de la villa romaine dans le processus d’anthropisation du paysage rural se voit prolongé dans l’essor au Moyen Âge d’une économie montagnarde comme celle du Casentino, reposant sur l’exploitation de l’eau et du charbon. Enfin le modèle de la villa entre à la Renaissance dans l’inspiration de traités d’agronomie, tels ceux d’Agostino Gallo et de Prospero Rendella.