Le conte et l’image. L’illustration des contes de Grimm en Angleterre au XIXe siècle

Auteur : François Fièvre
Éditeur : Presses universitaires François-Rabelais
Date de publication : octobre 2013

Laboratoire : InTRu – EA 6301

Les contes de Grimm, rassemblés au départ comme de simples matériaux ethnographiques, deviennent au cours du XIXe siècle en Angleterre un classique de la littérature pour la jeunesse. Cette métamorphose de statut littéraire est le fruit d’une exploitation éditoriale dans laquelle l’image tient un rôle prépondérant. Les contributions de George Cruikshank, Richard Doyle, Walter Crane et Arthur Rackham ont particulièrement marqué, de l’Allemagne à l’Angleterre, et du texte à l’image, cette histoire iconographique des contes.

Les contes de Grimm connaissent en Angleterre une fortune considérable dans le champ du livre illustré où, de 1823 au début du XXe siècle, ils passent du statut de simple matériau ethnographique à celui de conte de fées pour enfants. Cette métamorphose est tout autant le fruit d’évolutions textuelles et éditoriales que la conséquence de l’évolution du parti pris esthétique des images qui influencent durablement la manière dont les textes sont « imaginés » par le lecteur.
Des figures grotesques et populaires de George Cruikshank (1823, 1826) aux compositions merveilleuses d’Arthur Rackham (1900, 1909, 1917) en passant par les fantaisies naïves de Richard Doyle (1846) ou les ornements allégoriques de Walter Crane (1882), c’est donc une histoire esthétique et iconographique de la réception des contes de Grimm dans l’imaginaire anglais qui se dessine. Mais cette histoire d’un transfert culturel entre Allemagne et Angleterre se veut également, à travers le fil conducteur des différentes interprétations plastiques d’un texte singulier, l’esquisse d’une histoire de l’illustration et du livre illustré dans l’Angleterre de l’époque. Enfin elle propose, dans le contexte culturel du romantisme qui prône la communion des arts et celui, contraignant, de l’histoire de l’édition, d’analyser la manière dont l’imagination visuelle peut se confronter à la tâche de représenter un texte, hors de tout préjugé sur ce que la « matière » des images ferait perdre à celle de l’écrit, ou par-delà cette dernière à celle de la parole du conteur.

Article sur le site d’InTRu.