Chez les uns ; chez les autres : ryokans de Kyoto versus riads de Marrakech

Porteur de projet :
Anna MADOEUF, Cité TERritoires, Environnement et Sociétés (CITERES) – UMR 7324<

Partenaires :
GRED, MSH Montpellier

Année de l’Appel à projet :
2011

Cette recherche se fonde sur la comparaison des mises en scènes d’auberges et de demeures traditionnelles japonaises à Kyoto (ryokans) et marocaines à Marrakech (riads), telles qu’elles sont aujourd’hui offertes comme hébergements touristiques. Depuis une intrusion consentie et tarifée dans la maison, c’est l’accès à l’intimité des autres qui est suggéré. Là, le mode de vie et la culture des autochtones (en leur présence à Kyoto, et essentiellement en leur absence à Marrakech) sont donnés comme observables et imitables un temps. Les propositions d’accueil s’accompagnent de notices présentant un abécédaire des décors et rituels, une grammaire des usages adéquats des lieux et des comportements symbiotiques.

Ces formules, expériences culturelles singulières à référent spatial, permettent de combiner trois niveaux constitutifs d’une situation expérimentale de découverte : la ville « authentique et historique », la demeure « traditionnelle », et les modes d’être aux lieux idoines. Cette trilogie repose sur la cohérence de l’ajustement d’une cité de référence, d’un quartier emblématique (Gion/Médina) et d’un habitat-habiter « phénotype » favorisant une approche intrusive panoptique : s’introduire légitimement au sein du sanctuaire de la maison japonaise, demeurer incognito au cœur de la secrète ville arabomusulmane. Cependant, Marocains et Japonais ne sont pas considérés de la même manière ; l’imaginaire construit par ces situations nous informe également sur les regards (trans)portés sur l’ailleurs et l’altérité, en deux univers de l’Orient. Enfin, les mises en pratiques et en mots de ces lieux participent de la recherche  polymorphe et entêtante des singularités culturelles au temps des mondialisations.