Séminaire collectif du REMELICE

Date : 22/04/2016
Lieu : Salle du Conseil, UFR LLSH, Orléans


Interventions :

  • Mayumi Shimosakai (université d’Orléans), « La littérature de langue japonaise issue de l’immigration coréenne et ses enjeux »

Cette littérature dont la genèse se situe dans les années 1960 a su gagner une large reconnaissance de la part des critiques. Cependant cette catégorisation fait toujours l’objet de polémiques. Comment se distingue-t-elle de « la Littérature japonaise » ? Quelles sont les conséquences de la naissance d’une telle catégorie ? Notre objectif est de répondre à ces questions tout en retraçant l’histoire de cette littérature.

  • Anne Quinney (université du Mississippi, USA), « La traduction et la trahison : la vie américaine des œuvres d’Albert Camus »

Albert Camus est connu aux États-Unis pendant les années quarante d’abord pour son roman L’Étranger et ensuite pour ses essais L’Homme révolté et Le Mythe de Sisyphe. Ces premières traductions en anglais ont été faites très rapidement sans être vérifiées ce qu’a tout de suite regretté son éditrice, Blanche Knopf. Cependant la réputation de Camus était déjà en train de s’établir et, pour ses lecteurs aux États-Unis, il représentait avec d’autres auteurs traduits à cette époque (Sartre et Beauvoir) la vague existentialiste venant de l’Europe. Knopf, Inc a lancé la carrière de Camus sous cette étiquette pourtant erronée: existentialiste (il détestait ce mot), français (il s’identifiait plutôt à son Algérie natale), et romancier (il était principalement un journaliste). Cette identité de l’écrivain forgée par son éditeur reste attachée aujourd’hui à ses œuvres (mal) traduites en anglais. Les nouvelles éditions et publications viennent de paraître pour corriger ces malheurs du passé. Ma contribution traite des effets de la traduction et de la publicité sur la vie littéraire d’un auteur à l’étranger à la lumière du cas particulier de Camus aux États-Unis.

  • Genevieve Guetemme (université d’Orléans), « Le Mississippi potentiel de Jacques Roubaud — un exemple d’échange littéraire entre les États-Unis et la France »

Jacques Roubaud est poète et mathématicien. Son oeuvre comporte également des romans, du théâtre, des essais, des livres pour enfants et elle évoque aussi bien le Graal que les lignes de bus, les nombres, les chats ou l’art contemporain. Tout cela lui permet de parler de lui, de sa vie et de son quotidien et de son travail d’écriture – l’un n’allant pas sans l’autre – la vie étant, pour lui, comme un souffle poétique continué des troubadours à nos jours. Ce souffle il le retrouve dans la marche qu’il pratique quotidiennement, certaines marches étant plus importantes que d’autres. C’est le cas notamment du parcours qu’il réalise en 1976, le long du Mississippi et qu’il relate dans son chapitre « Mississippi Haibun » de la Bibliothèque de Warburg[1]. Je propose de présenter cette marche à pied, pensée en hommage à Mark Twain. L’analyse du récit écrit par Roubaud vingt ans après me conduira à mettre en avant la fascination d’un auteur français pour la culture nord-américaine. Mais il s’agira surtout de considérer le rôle joué par la marche dans une approche contemporaine de l’art et de la littérature. Mon problème sera de voir en quoi cette approche qui interroge le « flip-flop du lever-tomber du pied droit puis du pied gauche, et réciproquement (est-il iambique ou trochaïque ? Cela dépend du point de vue»[2] correspond à une image du monde rythmée, mémorielle et rhizomique où le présent s’entrelace à d’autres temps, où les villes se mêlent à d’autres villes – image du monde sur laquelle se concentre actuellement ma recherche.


[1] La Bibliothèque de Warburg, Version mixte, Paris, Seuil, coll. Fiction et Cie, 2002 – republiée en 2009 pour former la cinquième branche du ‘Grand incendie de Londres’, Paris, Seuil, coll. Fiction et Cie.

[2]Le Grand incendie de Londres’, p. 1300.