[Appel à communications] L’objet de l’exposition : le regard ethnographique #2

Date : Du 22/02/2016 au 20/03/2016
Réponse attendue avant le :  20/03/2016

Cette journée d’étude s’inscrit dans le cadre du séminaire de recherche « L’objet de l’exposition », qui réunit les étudiants de l’option « Médiation culturelle et Pratiques de l’exposition » du master en histoire de l’art de l’Université de Tours et du master Art de l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges. Elle bénéficie du soutien de l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges et du laboratoire InTRu (EA 6301).

« L’objet de l’exposition » porte une réflexion sur l’exposition comprise en tant qu’objet d’étude à part entière. Chaque année, le séminaire se propose d’aborder ce vaste champ de recherche à travers le choix d’une thématique particulière, reprise lors d’une journée d’étude qui clôture le cycle. Pour la deuxième année consécutive, c’est « le regard ethnographique » qui est étudié.

Argumentaire de la journée d’étude

Après une journée d’études en 2015 consacrée à un ensemble de questions reliant pratiques artistiques, stratégies curatoriales et ethnographie, cette année notre champ de recherche entend aborder de manière plus directe la question d’une possible décolonisation de l’espace de l’exposition. L’histoire de l’exposition – comme celle de l’ethnographie, dont elle sert le discours – est en effet hantée par les questions de la « race », du genre et de l’ethnicité, dont les stratégies rhétoriques méritent encore d’être examinées dans ce cadre précis de la mise en vue.

Si les pratiques artistiques les plus récentes attestent d’un intérêt grandissant pour l’ethnographie, celui-ci est souvent porteur d’interrogations quant à l’héritage colonial de notre présent. Une multiplicité d’expositions a récemment posé des questions complexes qui touchent au rapport, souvent controversé, entre art contemporain, « colonialité » et ethnographie. En effet depuis plusieurs décennies déjà, des chercheurs ont remis en cause les présupposées coloniaux des disciplines anthropologiques. C’est notamment le débat autour des catégories de subjectivité et d’altérité dans les études post-coloniales qui a amené à l’éclatement de la notion de différence. Les revendications des groupes subalternes posent des problèmes politiques qui autorisent un changement de perspective dans les domaines de l’art et des pratiques de l’exposition. On sait, notamment, que le point de vue ethnographique a longtemps été un obstacle à la reconnaissance des pratiques artistiques des anciens colonisés. Dans ce cadre, l’innocence de la relation entre soi et l’Autre est remise en cause par l’introduction de stratégies curatoriales et discursives qui déstabilisent le regard sur l’altérité hérité du colonialisme. La multiplication des acteurs et le décentrement du regard posé sur les objets exposés contribuent à ce processus de décolonisation de l’espace de l’exposition qui s’amorce depuis une dizaine d’années.

Ce processus, il faut bien le rappeler, trouve encore peu d’échos dans les grandes expositions muséales. Il se cantonne, à quelques exceptions près, à des lieux indépendants ou excentrés, où des points de vue minoritaires peuvent s’exprimer. Des expositions récentes, souvent portées par des artistes, ont interrogé le « regard ethnographique » à la lumière d’une enquête historique portant sur le refoulé colonial. L’exposition « Personne et les autres » organisée par Vincent Meessen et Katerina Gregos au Pavillon de la Belgique de la Biennale de Venise de 2015 est en ce sens exemplaire d’une tentative de se confronter de manière critique à la modernité coloniale et à ses effets dans la production artistique. Les politiques institutionnelles semblent en revanche, notamment en France, avoir du mal à se saisir des outils critiques nés des études post-coloniales, que ce soit dans le cadre de musées d’art ou ethnographiques. La récente célébration de « Magiciens de la Terre » au Centre Georges Pompidou à Paris est de ce point de vue symptomatique pour son absence de débat critique autour de l’impensé colonial qui hante encore la programmation des grands musées en France.

Cette journée d’étude sera l’occasion de revenir sur ces différentes questions, en laissant place à tous les points de vue à même d’éclairer les implications des pratiques ethnographiques dans le champ de l’exposition et ainsi favoriser une approche pluridisciplinaire et diachronique de cet objet d’étude. Suivant les réflexions menées dans le séminaire, plusieurs axes privilégiés permettent d’orienter les contributions à venir, sans toutefois exclure d’autres sujets qui concerneraient le thème abordé lors de cette journée :

  • Pratiques décoloniales dans l’espace de l’exposition.
  • Critiques du regard ethnographique : enjeu de la reconnaissance de pratiques artistiques des anciens colonisés.
  • Les institutions artistiques : entre tendances néocoloniales et décentrement du regard.
  • Prise en charge du passé colonial dans l’exposition : situations et histoires nationales.

Conditions de soumission

Les propositions (titre et résumé de 3000 signes maximum), accompagnées d’une brève présentation des recherches de l’auteur (préciser l’institution ou l’organisme de rattachement s’il y a), doivent être envoyées à frederic.herbin@univ-tours.fr et giovanna.zapperi@ensa-bourges.fr

Les réponses seront données la dernière semaine du mois de mars. Les frais de déplacement seront pris en charge par les structures organisatrices.

École Nationale Supérieure d’Art de Bourges : http://www.ensa-bourges.fr

Département d’histoire de l’art – Université François-Rabelais de Tours

InTRu – Université François-Rabelais de Tours : http://www.intru.univ-tours.fr

Organisation

Frédéric Herbin (InTRu – Université François-Rabelais de Tours)

Giovanna Zapperi (École Nationale Supérieure d’Art de Bourges)

Étudiant/e/s de l’option « Médiation culturelle et Pratiques de l’exposition » de l’Université de Tours

Elise Beaudoin, Carine Brosse, Maëla Cadiet, Rachel Chenu, Delphine Desbourdes, Faïza El Mabrouk, Clara Esnault, Garance Malval, Doriane Nakache, Noémie Puget

Étudiant/e/s de l’École Nationale Supérieure d’Art de Bourges

Lucas Andreac, Jennifer Carlos, Apolline Clément, Pierre Grandclaude, Camille Nivollet, Nicolas Pirus, Armelle Tulunda, Manon Verdier.

Lieu : Ecole Nationale Supérieure d’art de Bourges

Date : 2 mai 2016

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