De l’ancien français au français moderne. Théories, pratiques et impasses de la traduction intralinguale

Auteur : Claudio Galderisi et Jean-Jacques Vincensini (éd.)
Éditeur : Brepols
Date de publication : décembre 2015
Laboratoire : CESR – UMR 7323
 

La traduction « intralinguale », du « même au même », selon la définition qu’en a donnée Michel Zink, est une invention de ces mêmes clercs médiévaux qui ont mis en communication à travers la translatio studii deux horizons culturels et linguistiques. Cette traduction constitue la trace la plus manifeste de l’évolution d’un idiome au sein du diasystème linguistique gallo-roman. Or d’un état à l’autre de la langue française, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce transfert ne vas pas de soi. D’un côté il continue de témoigner d’une conscience de la différence, de l’autre, à la différence de ce que l’on constate au Moyen Âge, d’une indifférence traductologique affichée des translateurs de notre temps à l’égard de leur acte, des principes qui le fondent comme des choix techniques qui l’expriment. Ce livre met en lumière nombre des arguments qui peuvent expliquer ce silence des traducteurs modernes. Beaucoup d’entre eux ne voient-ils pas dans leur travail un simple moyen de rendre accessible de la manière la plus neutre possible un texte vieilli destiné à un lecteur non spécialiste ? La revendication stéréotypée de la fidélité respectueuse au texte source conduit alors bien des traductions actuelles à décalquer la langue d’origine dans un français artificiel qu’Antoine Berman nommait le « clerquois ».

Les différents travaux rassemblés dans le présent volume suivent quatre perspectives critiques : Théories et méthodologies, Pratiques poétiques, Traductions romanes, Seuils et impasses. Ils abordent différentes facettes de ces questions jusqu’ici inexplorées et présentent des solutions méthodologiques et pragmatiques qui permettront sans doute de dépasser les peurs françaises de la traduction intralinguale.